Elevage d'Altdeutsche Schäferhunde
Son histoire :
L'histoire de l'Altdeutsche Schäferhunde (AS), est profondément liée à celle du Berger Allemand.
À la fin du 19ème siècle, en Allemagne, il n'existait aucune race de chien de berger, et on trouvait plutôt des types régionaux, comme le Berger de Wurtemberg, de Thuringe, de Bavière ou encore le berger de la Hesse. Alors que les Français essayaient de sélectionner des races régionales de chiens de berger, les Allemands préférèrent créer une race nationale.
Ainsi, en 1878, certains éleveurs firent une première sélection à partir de deux types de chien : le Berger de Wurtemberg, grand et solide, au poil sombre et épais, à la tête puissante et aux oreilles tombantes, et le Berger de Thuringe, chien agile au poil court, épais et gris, et aux oreilles tombantes. Les chiots de ces premières expériences en matière d'élevage étaient très différents selon les régions, mais le succès commercial fut au rendez-vous.
En 1891, les éleveurs allemands se regroupèrent au sein d'une association, la Phylax, dans le but d'améliorer l'aspect esthétique de leurs chiens. Malheureusement, du fait de nombreuses dissensions, l'association disparut en 1895.
C'est le capitaine Max Emil Frédéric von Stephanitz, considéré comme le véritable « père » du Berger Allemand, qui dirigea les premières années de sélection de la race. En avril 1899, au cours d'une exposition canine à Francfort, l'homme eut le coup de foudre pour un jeune chien de berger de type Thuringe au poil mi-long, gris et jaune, nommé Hector von Linkshrein, qu'il renomma ensuite Horand von Grafrath. Il créa dans la foulée le Club du Berger Allemand et publia le premier standard de la race le 28 septembre 1899.
Ce premier standard n'excluait aucun type de poil ni aucune couleur de robe. La ligne de conduite de von Stéphanitz était simple : un Berger Allemand est avant tout un chien de travail.
Dans les années 1910, le Berger Allemand fit son apparition aux États-Unis, où la sélection privilégia la beauté plutôt que le travail.
Puis, avec les exploits de nombreux Bergers Allemands durant la Première Guerre mondiale, la popularité de la race monta en flèche à la fin du conflit. En 1920, le premier club de la race, la Société du Chien de Berger d'Alsace (SCBA), ouvrit d'ailleurs ses portes en France.
En 1921, le Berger Allemand à poil long fut écarté du standard car considéré comme plus fragile, et sa reproduction fut interdite. Il faudra attendre 2011 pour que la variété, qui perdura tant bien que mal dans l'ombre, soit reconnue par la FCI et la SCC.
En 1933, c'est au tour des types de Berger Allemand blanc d'être exclus de la race, la couleur étant alors interdite d'élevage et d'exposition, et les chiots généralement tués à la naissance. Le Berger Allemand blanc put survivre grâce aux élevages nord-américains, avant d'être lui aussi reconnu comme race à part entière par la FCI en 2002 sous le nom de Berger Blanc Suisse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Berger Allemand fut utilisé à tous les niveaux et par toutes les armées du monde. Malheureusement, au lendemain de la guerre, injustement associé aux nazis et craint, il cessa d'intéresser les acheteurs étrangers.
C'est durant cette période d'après-guerre que l'histoire de l'Altdeutsche Schäferhunde commence. En effet, le Berger Allemand ancien type, au même titre que le Berger Blanc Suisse, est un descendant du Berger Allemand, et non une variété.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation géopolitique de l'Allemagne n'était pas réglée. Les relations entre les deux grandes puissances mondiales, les États-Unis et l'URSS, étaient de plus en plus tendues : ce fut le début de la Guerre Froide (1947 à 1991). La fermeture des frontières par l'URSS et la partition de l'Allemagne entre Ouest (RFA) et Est (RDA) en 1949 eut ainsi un impact très important sur la race du Berger Allemand.
Côté Ouest, le Berger Allemand se transforma, et la silhouette au dos descendant fit son apparition. La sélection fut davantage axée sur la beauté que sur le travail. Le Berger Allemand commença alors à décliner dans les disciplines sportives, avant de perdre sa place de numéro un dans la liste des chiens de travail, au profit du Berger Belge Malinois.
Côté Est, les Soviétiques restèrent axés sur une sélection de chiens de travail. Ils décidèrent de réglementer l'élevage de Berger Allemand de façon stricte et de contrôler fermement la sélection et les inscriptions au Livre des Origines. Les normes de sélections établies par les militaires exigeaient des chiens puissants, trapus, vifs, vigilants, courageux, loyaux, sûrs d'eux et dotés d'une grande intelligence. Leur santé devait être sans faille, et les chiens douteux étaient rapidement retirés de la reproduction. Ces normes militaires incluaient également l'aptitude au travail par l'endurance, la ténacité, la capacité d'escalade sur des murs raides ou encore la robustesse ou le flair. Les chiens étaient également exposés à un climat très rude et à des conditions physiques extrêmes, afin de sélectionner les individus génétiquement plus résistants aux maladies. Toutes les portées étaient examinées et évaluées à la façon d'un équipement militaire : ils étaient sélectionnés pour leur usage militaire plutôt que sur leur apparence physique.
Cette sélection aboutit à ce que l'on nomme aujourd'hui les lignées DDR, lignées de l'Allemagne de l'Est. Il s'agissait de chiens de forte ossature, avec une forte tête et un dos droit, ce qui les rendait moins sensibles aux problèmes de dysplasie de la hanche et de dysplasie du coude. Ils étaient de couleur sombre (fauve charbonné, gris foncé, noir ou noir avec quelques marques fauves), avec un manteau très étendu.
Environ 1.000 chiens furent utilisés par les soldats soviétiques en tant que chiens de garde des frontières, mais aussi en tant que chiens de recherche ou de meute pour couvrir de grands secteurs, comme des bâtiments, des forêts, des champs...
Avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989 puis la réunification du pays, les patrouilles n'ayant plus à garder les frontières et donc à utiliser ces chiens, ils furent délaissés, donnés, abandonnés, voire euthanasiés. Les lignées DDR disparurent presque toutes, et seuls quelques élevages de passionnés persévérèrent, tout en continuant une sélection aussi pointue.
Ce sont précisément ces lignées qui sont à l'origine de l'Altdeutsche Schäferhunde (AS), le Berger Allemand type ancien. De nos jours, les deux plus anciens élevages allemands qui continuent ce travail de sauvegarde des lignées DDR sont l'Altdeutschen Eck et le Von Essex.
Dans les années 2000, le Berger Allemand ancien type commença à se faire connaître à travers l'Allemagne, mais aussi aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et en France. Le premier club français de la race est créé en 2006 et regroupe les passionnés de la race, ainsi que ceux du Berger Allemand à poil long. Plusieurs clubs français se succéderont jusqu'à la création en 2013 de l'Union Cynophile Française Altdeutsche Schäferhunde (UCFAS).
L'Altdeutsche Schäferhunde est en pleine expansion en France, et les premières lignées DDR importées d'Allemagne et de Belgique sont rejointes régulièrement par de nouvelles lignées anglaises ou américaines.